Africa Investment Forum 2019 : lever les freins à l’investissement en Afrique

« Identifiez les trois principales contraintes pour le secteur privé en Afrique » : l’exercice mené lors d’une session de travail de l’Africa Investment Forum (AIF), lundi à Johannesburg, a livré un partage d’expériences fructueux.

La cinquantaine de participants à cette session a pu soulever les points de blocage et dégager les leviers de transformation qui feront bouger les lignes sur le continent.

Le premier dirigeant à intervenir, Solomon Asamoah, PDG de Ghana Infrastructure Investment Fund, a rappelé la nécessité d’une écoute active des investisseurs pour leur donner les moyens de se projeter dans l’avenir. De son côté, Edward Brown, directeur senior auprès de l’African Centre for Economic Transformation (ACET), a conduit la réflexion pour établir une liste des différents obstacles qui jalonnent le parcours des investisseurs en Afrique.

Les participants, issus du secteur privé, de gouvernements ou d’organisations internationales, ont en effet des préoccupations communes et des problématiques de terrain similaires, quelle que soit la région du continent africain.

Des retours d’expériences convergents

Première préoccupation commune : l’absence de continuité et de cohérence dans les politiques gouvernementales. Un remaniement ministériel, source d’instabilité potentielle, représente un défi important dans l’environnement des affaires. Par conséquent, les investisseurs anticipent d’éventuelles turbulences et n’accordent qu’une confiance limitée aux contrats établis. Ils mesurent à quel point ces accords, liés aux dirigeants politiques au pouvoir, peuvent être remis en cause à tout moment.

En plus d’un système judiciaire et d’arbitrage qui donnerait des assurances aux investisseurs, l’absence d’infrastructures, la variété des politiques fiscales, des normes et règles juridiques adoptées sur le continent ont également été soulignées.

La mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), a été saluée comme une réponse pertinente à ces freins à l’investissement. Si la question de la standardisation pour arriver à des normes communes est essentielle, la question de la taille des marchés et de la possibilité pour les entreprises des différents pays de réaliser des économies d’échelle doit également être considérée avec grande attention, selon Edward Brown.

Les participants à cette session ont mis en exergue d’autres points à améliorer pour favoriser les investissements en Afrique : les contraintes liées à l’accès au financement ; les difficultés encore plus fortes concernant les financements à long terme ; la volatilité de la monnaie et des réserves de change (pertes de l’ordre de 20% lors de la conversion des recettes en dollars) ; les aléas de la bureaucratie ; la formation de la main-d’œuvre ; l’accès à l’électricité.

Les résultats de cette session seront présentés au Groupe consultatif du G20 sur l’Afrique et serviront à la rédaction d’un rapport aux ministres des Finances du même G20, qui se tiendra le 19 novembre prochain à Berlin.

L’objectif du G20 - Compact with Africa (CwA) est d’accroître les investissements en Afrique grâce à des améliorations substantielles du cadre macroéconomique, commercial et financier. La Banque africaine de développement, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, ainsi que douze pays africains ont rejoint l’initiative : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, l’Éthiopie, le Ghana, la Guinée, le Maroc, le Rwanda, le Sénégal, le Togo et la Tunisie.

L’Africa Investment Forum est un marché de l’investissement innovant qui rassemble des chefs d’État et de gouvernement, des promoteurs de projets, des fonds de pension, des fonds souverains et d’autres investisseurs institutionnels. Des décideurs, des sociétés de capital-investissement et de hauts responsables des ministères y participent.

L’AIF 2019 se déroule du 11 au 13 novembre à Johannesburg, en Afrique du Sud.