Africa Investment Forum: la réduction de la fracture technologique devrait permettre des avancées significatives pour les industries créatives d’Afrique

Les industries créatives africaines ont enregistré une croissance rapide ces dernières années, grâce à la popularité grandissante à l’échelle mondiale de la musique, des films et de la mode du continent.

La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement définit les industries créatives comme comprenant un large éventail de domaines : les arts et l’artisanat, les médias audiovisuels (cinéma et télévision), le design (architecture et mode), les nouveaux médias (jeux vidéo), les arts du spectacle (instruments de musique), l’édition (livres, journaux) et les arts visuels (photographie, sculpture).  

Les industries culturelles sont de plus en plus imbriquées dans la technologie et l’innovation et dépendantes de celles-ci. Un exemple frappant est Africarare, le premier métavers sud-africain, qui a fait ses débuts en octobre 2021. Selon les rapports, Africarare englobe un monde numérique appelé Ubuntuland qui offre une expérience immersive de réalité virtuelle comprenant un marché de l’art pour les jetons non fongibles.

Un autre exemple illustre de quelle manière les technologies du secteur créatif peuvent être appliquées à d’autres domaines. Mobihealth, filiale nigériane d’une société internationale de télémédecine, déploie des kiosques intégrant la technologie de la réalité virtuelle pour offrir des soins de santé primaires aux Africains mal desservis, exploitant ainsi une lacune du marché. 

Les données de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) indiquent que le marché mondial des industries créatives est en plein essor. Entre 2010 et 2020, les exportations mondiales de produits créatifs sont passées de 419 à 524 milliards de dollars. Les services créatifs - publicité, études de marché, ingénierie, design et autres services créatifs - ont connu une hausse encore plus importante, passant de 487 millions à 1,1 milliard de dollars au cours de la même période.

La CNUCED estime que les avancées technologiques liées à la quatrième révolution industrielle peuvent faire progresser encore davantage la croissance du secteur. Ces innovations comprennent la 3D, l’intelligence artificielle, la réalité augmentée et virtuelle, et l’internet des objets.

Les pays et entreprises d’Afrique ne tirent pas encore pleinement parti de ces technologies, en partie à cause d’un environnement réglementaire faible et de faibles niveaux d’investissement dans les infrastructures numériques. La Banque africaine de développement estime que 9 milliards de dollars de dépenses annuelles seront nécessaires jusqu’en 2030 pour combler le déficit d’infrastructures.

Les domaines d’investissement prioritaires comprennent le cloud, les centres de données et les infrastructures à haut débit ; les services numériques, y compris l’agritech et la health-tech ; la formation et le capital humain sous forme d’entrepreneuriat et de start-ups ; et le renforcement de l’environnement réglementaire.  

C’est là qu’intervient l’Africa Investment Forum. Initiative de la Banque africaine de développement et de sept partenaires, le Forum rassemble des financements du secteur privé pour des projets transformateurs ayant un impact sur le développement en Afrique.  L’Africa Investment Forum donne la priorité aux secteurs susceptibles d’aider les économies africaines à relever le triple défi de l’impact persistant du Covid-19, de la guerre de la Russie en Ukraine, qui a provoqué une flambée des prix des denrées alimentaires et du carburant, et du changement climatique.

L’Africa Investment Forum tiendra ses Market Days 2022 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, du 2 au 4 novembre. Les industries créatives seront un secteur prioritaire, avec des projets dans les domaines de la mode, du cinéma et du textile. Les transactions dans le secteur de l’infrastructure numérique et de la communication - une composante essentielle du développement des industries créatives - sont également susceptibles de figurer au programme.

Conscientes de l’importante valeur économique et culturelle des industries créatives, les institutions partenaires de l’Africa Investment Forum ont mis en place des initiatives dédiées au soutien des industries créatives.

En 2020, Afreximbank a annoncé la création d’un fonds de soutien aux industries créatives doté de 500 millions de dollars, afin de fournir des lignes de crédit aux banques ainsi que des financements directs aux opérateurs.

Et fin 2021, la Banque africaine de développement a accordé un prêt de 170 millions de dollars aux entreprises numériques et créatives du Nigéria. La Banque a également lancé Fashionomics, une initiative phare visant à soutenir la croissance des micros, petites et moyennes entreprises africaines dans les industries éatives, notamment dans la mode.

L’Africa Investment Forum s’appuie également sur le pouvoir fédérateur de ses huit membres pour générer des connaissances et des recherches afin d’aider les gouvernements à entreprendre des réformes réglementaires clés et à renforcer les institutions pour soutenir les investissements du secteur privé.

Les Market Days 2022 présenteront également des transactions dans les secteurs de l’énergie, des transports, des infrastructures et de l’agroalimentaire, ainsi que des transactions qui bénéficient considérablement aux femmes.

Les transactions proviendront des pipelines d’investissement des huit partenaires fondateurs de la plateforme. Il s’agit de la Banque africaine de développement, d’Africa 50, d’Africa Finance Corporation, de la Banque africaine d’import-export, de la Development Bank of Southern Africa, de la Trade and Development Bank, de la Banque européenne d’investissement et de la Banque islamique de développement.

Depuis sa création en 2018, Africa Investment Forum a mobilisé plus de 100 milliards de dollars d’intérêts d’investissement.